Une belle fin
Il s’appelle Mr May. Malgré ce patronyme printanier, c’est un petit bonhomme tout gris, qui accomplit minutieusement, jour après jour, la tâche qui lui est assignée : trouver les proches des hommes et des femmes décédés seuls, sans famille connue. La plupart du temps, il échoue et se retrouve l’unique vivant, en dehors du curé, du pope ou du rabbin, aux funérailles de tel ou tel. Le jour où son patron décide de supprimer ce département, à ses yeux inutile, et de virer Mr May, celui-ci s’échine alors à donner une belle fin à Billy Stoke, son dernier « dossier » , son voisin décédé, aussi solitaire et oublié que lui-même. Filmé dans des tons bleutés, l’univers étriqué du personnage devient soudain une épopée délicieuse et mélancolique : il rencontre les clochards et compagnons d’infortune de Billy, son ancien collègue de boulot dans une usine, son ex-femme et sa fille, Kelly. Non seulement il leur apporte quelque chose, mais à leur contact, John May change imperceptiblement. Il prend des trains, se fait convaincant, et mange même des mets nouveaux. Cette douce balade, qui dit que chaque homme compte, est habitée par des comédiens formidables, dont Joanne Froggatt (Downton Abbey). Elle est bâtie autour du génial Eddie Marsan (Vera Drake, Be Happy), qui en est le cœur battant sous l’apparence du fonctionnaire sans qualité. Avec sa tronche étrange, il a souvent joué les méchants, il dégage ici une humanité délicate et bouleversante.