American Sniper
Il voulait être cow-boy, et couler dans son bon vieux Texas natal des jours tranquilles. Mais, rattrapé par sa fibre patriotique, Chris Kyle s’est enrôlé dans les Navy SEALs. Devenu tireur d’élite, frappé par les attentats du 11 septembre et pourtant jeune marié, il part en Irak… Inspiré des mémoires de ce sniper américain qui tua 160 personnes et devint une légende, le scénario est signé Jason Hall. Il est étonnant de voir à quel point le film réalisé par Clint Eastwood trouve des échos dans ses réalisations précédentes, moins ses films de guerre d’ailleurs (Mémoire de nos pères) que ses westerns, tels L’Homme des hautes plaines et Impitoyable. La polémique gronde outre-Atlantique, entre autres reproches ce film serait l’« hagiographie d’un tueur de femmes et d’enfants »… Quelle que soit la personnalité réelle de Chris Kyle, le regard que porte sur lui Eastwood est nuancé. Ni noir ni blanc, le personnage est complexe et d’autant plus troublant qu’il semble ne se poser aucune question, et que même longtemps après son retour, malgré ce que sa femme dit de son « absence », de son irritabilité, il nie avoir des remords. Efficacité redoutable des scènes de combat d’une pâleur de mirage, élégance des scènes de séduction chaudes et colorées, rapidité du montage. Ce que Eastwood observe, comme souvent dans ses films, c’est le rêve américain mué en cauchemar. C’est la contamination du mal chez un semeur de mort. Et c’est, enfin, avec une fin qu’on ne révélera pas, l’absurdité absolue de toute guerre.