Les Amants passagers
On avait laissé Pedro Almodóvar avec une peau artificielle et les fantasmes féminins d’un chirurgien éperdu de douleur. Depuis, il a décidé de s’octroyer le droit à la légèreté avec ces Amants passagers en plein ciel. Adoptant les règles classiques d’une unité de temps, d’action et (presque) de lieu, il joue donc en vol une tragédie : alors qu’une avarie technique les menace d’un crash imminent, les passagers de première classe d’un long courrier se confessent et se dévoilent. Ce sont ces stewards flamboyants, une star du porno vénéneuse, un couple épuisé par sa fête de mariage et une vierge pas si effarouchée qu’elle n’en a l’air. On est ici dans du Almodóvar pur jus ! Les thèmes, exactement comme dans ses films les plus graves, tournent autour de la sexualité (confuse) et de la mort. La grande différence est donc cette fois le parti pris de la légèreté à outrance, aidée par un cocktail bourré de mescaline. Et que valsent les saynètes ! A la manière d’un théâtre filmé dont on piocherait les personnages un à un, chacun aura son moment, sa confession, son émotion, remarquablement mis en images par des acteurs « jeune génération » impeccables.