Un réalisme extrême, à la précision infaillible, arme A War, le nouveau film de Tobias Lindholm, nommé à l’Oscar du meilleur film étranger. Ce film à l’âpreté impeccable, et d’une incontestable rigueur de mise en scène, maîtrisée comme l’étaient ses précédents longs-métrages, R et Hijacking, frappe très fort à l’estomac. D’une brutalité inouïe, d’une violence radicale, à la limite du supportable. Le réalisateur danois montre très frontalement la guerre avec ses morts. Ils sont soldats, ils sont aussi civils, des hommes, des femmes, des enfants. Le scénario de A War n’élude rien de l’effroyable tragédie et s’y immerge pleinement, à travers son héros, le commandant Claus Pedersen (joué par son acteur fétiche, Pilou Asbaek) en mission en Afghanistan. Lors d’une patrouille de routine qui tourne à l’affrontement avec des Talibans, il ordonne le bombardement du secteur. Des civils meurent, dont de nombreux enfants, il passe en jugement devant une cour martiale. Cible militaire ? Cible civile ? La question clé du procès se double, pour cet homme confronté aux conséquences de ses ordres, d’un dilemme moral dont s’empare tout le film. Tendu à mort par cette guerre incivile.