A most violent year
New York 1981, Abel Morales, immigré latino ayant commencé comme conducteur de camions-citernes, est désormais patron de l’entreprise pétrolière de son beau-père. Mais, tandis que celui-ci est tombé pour corruption, et malgré ses compétiteurs sans pitié, Abel veut rester clean. Alors qu’il a trente jours pour conclure l’accord qui le rendra propriétaire d’une raffinerie située au bord de l’Hudson, un procureur le poursuit et ses camions sont attaqués et volés… Après Margin Call et All is Lost, J.C. Chandor prouve qu’il fait partie des metteurs en scène qui comptent. Sur l’individualisme et le rêve américain, la famille et les compromis, thèmes souvent traités par de grands noms, de Martin Scorsese à James Gray en passant par Sidney Lumet, Chandor signe un film captivant. À la superbe lenteur, une opacité étouffante de la mise en place (la scène où, doucereux, Abel explique à ses représentants de commerce l’art de regarder le client droit dans les yeux), succède une suite d’accélérations époustouflantes (fusillade sur un pont, poursuite à pied jusque dans le métro). Les décors de New York sont à la fois identifiables et toujours surprenants, d’entrepôts tagués en terrains désaffectés d’où l’on voit Manhattan. Oscar Isaac est exceptionnel, élégant, dents serrées, et séducteur ; son « éminence grise », avocat dans son ombre, est remarquablement interprété par Albert Brooks. Et Jessica Chastain, enjôleuse et amoureuse, donne à son personnage des profondeurs et abîmes de femme de tête. Un très grand film.