71

Thriller haletant et film de survie

Irlande du Nord 1971. Tandis que le conflit entre catholiques et protestants dégénère en guerre civile, de jeunes soldats anglais sont envoyés à Belfast afin d’y assurer la protection des civils. Pris dans une embuscade au coin d’une rue, le régiment de Gary se replie en urgence, l’oubliant sur place. Il passe la nuit à essayer de sauver sa peau, pris entre plusieurs camps, plusieurs feux… Le réalisateur et son scénariste, Gregory Burke, se gardent bien d’expliquer ces événements qui secouèrent l’Irlande pendant quarante ans ; ce qu’ils travaillent ici, c’est la confusion, la peur, la sensation d’être tombé en enfer. On y est bel et bien. C’est violent, insoutenable, scotchant. A la fois reconstitution historique, thriller haletant et film de survie, 71 est une plongée sidérante qui laisse le spectateur dans le même état que son héros : choqué, bouleversé, révolté. Sur les pas de Gary (Jack O’Connell), très jeune homme dont on ne saura rien d’autre que l’attachement qu’il a pour son petit frère, resté dans leur Derbyshire natal, on est ballotté de faux amis en vrais ennemis. Un garçon content de voir un « Brit » est, un temps, son guide et le nôtre, puis un père et sa fille le cachent sans savoir qu’il n’est pas de leur bord. Le trouble est là, omniprésent, déstabilisant, devant ce qu’on a appelé « les troubles », cette guerre sans nom, d’une violence indicible, restituée avec force dans ce premier long-métrage en forme de claque.