Après le succès public et critique de Bons baisers de Bruges, Martin McDonagh aurait pu confortablement suivre la voie toute tracée par ce polar bien écrit et interprété, mais un peu trop malin pour être honnête. En apparence, 7 Psychopathes, avec son casting de cabotins bien dirigés (Farrell, Walken, Rockwell, Harrelson, acoquinés de cameos savoureux) et son script nourri de pastiches de thrillers, lui ressemble beaucoup. Et pourtant, il n’en est rien. D’abord parce que le travail de relecture du genre, à la manière de Pulp Fiction, est suffisamment redondant et maladroit pour que le souvenir de la maîtrise un peu vaine de Bons baisers de Bruges se dissipe très vite. Et surtout, parce que son découpage en sketches assez macabres rappelle les Vault of Horror et autres Tales From the Crypt des EC Comics. On se retrouve finalement face à un film à la fois sentimental et violent, souvent bancal mais en définitive très touchant. Après avoir fait le touriste en Europe, McDonagh nous donne sa version d’une Americana un peu dérangée. On attend maintenant une escapade asiatique pour compléter le voyage.