Premier long-métrage de l’américain Benjamin Dickinson, Creative Control aborde avec un regard neuf et par le biais des nouvelles technologies des problématiques très classiques.
Le concept de réalité augmentée se trouve au cœur même du film. Un jeune publicitaire est chargé de marketer une paire de lunettes révolutionnaires. Peu à peu, il détourne le produit pour se rapprocher de l’objet de ses fantasmes, l’intouchable compagne de son meilleur ami.
Dickinson, auteur et interprète, creuse un sillon parcouru par les plus grands cinéastes avant lui. Avec un formalisme très kubrickien, avec une assurance qui flirte avec la prétention, il évoque le fossé, quelque part annihilé, entre cynisme et sentimentalisme. Et son personnage de golden boy rompu à tous les codes, à toutes les modes, se perd avec délice dans les méandres de la technologie, jusqu’à l’addiction totale. L’arriviste, l’ambitieux, sombre doucement par amour. Et le rapport virtuel est alors envisagé comme une drogue dure, un placebo hardcore.
Si l’argument des « smart glasses » est un postulat futuriste, Creative Control se révèle être une œuvre simplement contemporaine, actuelle, qui se confronte aux angoisses des prémices de ce XXIème siècle.
Tous connectés, tous ensemble et tous seuls, pourrait être le leitmotiv d’un premier film à l’étonnante maturité ; une œuvre froide et calculée qui annonce toutefois un grand talent.