La Cour de Babel
Des adolescents tunisiens, croates, brésiliens, mauritaniens, libyens… Tout juste arrivés en France, ils sont scolarisés dans une classe d’accueil parisienne du 10ème arrondissement. Certains ont suivi leur famille ou sont venus la retrouver, d’autres ont fui la guerre ou l’ostracisme, tous existent dans leurs différences et dans leur commune soif d’être et d’apprendre. Pendant un an, la réalisatrice Julie Bertuccelli, rompue au documentaire et découverte au cinéma de fiction avec le délicieux Depuis qu’Otar est parti, les a regardés, écoutés. Ce que sa caméra nous donne à voir de leurs échanges est passionnant et encourageant. Elle sort à peine de la classe pour filmer les couloirs ou la cour, on ne voit les parents que lorsqu’ils viennent rencontrer la prof et parler de leurs enfants. En compagnie de Marko, Naminata, Maryam, Djenabou, Luca ou Daniel, c’est un monde qui se déploie sous nos yeux, disparate et contradictoire, avec ses codes et ses croyances, avec ses richesses immenses à partager. Sous la houlette de Brigitte Cervoni, une pédagogue comme on en rêve tous, ouverte et patiente, attentive et ferme, ils changent sous nos yeux, restant eux-mêmes et s’adaptant de plus en plus à la dynamique du groupe, fabriquant ensemble un petit film qu’ils emmèneront dans un festival. Une chanson russe, la question de Dieu, les larmes d’une rebelle… Ces moments infimes et précieux forment la mosaïque de ce microcosme qui contient l’univers entier.