Coup de chaud
La chaleur, écrasante. La sécheresse, préoccupante. La rivalité agricole, brûlante. Les conneries du jeune Josef, embarrassantes. La tension monte dans ce village tranquille de France. C’est l’été et plus rien ne va. Raphaël Jacoulot fait le grand écart entre la montagne isolée, enneigée et inquiétante, d’Avant l’aube et cette campagne asséchée de blé et de maïs autour de la mairie, du clocher et du café. Si la saison et le climat s’opposent, il y a un fil rouge côté dramaturgie. La lutte des classes et la condescendance sont toujours là. La cible facile et jeune aussi. Le ravi du village sert ici de révélateur, un trentenaire simplet et imprévisible. Les notables font face aux gens du voyage installés. Les agriculteurs chanceux et retors aux honnêtes et acharnés. Les aînés à l’expérience chevillée au corps aux jeunots gonflés d’insolence. Ceux qui restent à ceux qui partent. Avec un regard plein d’acuité sur les visages et les corps, loin des canons esthétiques, Jacoulot saisit la dure réalité sociale, rurale, raciale. Il bâtit un western campagnard et un film noir à ambiance, où la meute humaine s’allie contre le vilain petit canard, dans le silence, la suspicion et la violence. Les acteurs confirmés sont judicieusement mélangés aux espoirs. Carole Franck irradie en femme de terre et de tête, avec son chapeau de cow-girl et son franc-parler. Karim Leklou saisit en jeune tête brûlée à la case en moins.