Le Congrès
Tous les admirateurs de Valse avec Bachir, avec lequel Ari Folman avait embrasé la Croisette en 2008, seront sans doute surpris par Le Congrès. D’abord parce que toute la première partie est en prises de vues réelles et qu’elle est plutôt drôle. Puis vient la seconde partie, tout en animation, pour une immersion dans un univers psychédélique. Totalement fou. Peut-être un peu trop. Un fourmillement si intense que l’on perd parfois le fil de ce film, qui traite de la liberté et des illusions autour du personnage d’une actrice (Robin Wright, dans son propre rôle) propulsée par un grand studio américain dans un monde artificiel.
Le Congrès navigue sans cesse entre réalité et fiction, joue sur les ambiguïtés et les références – La Belle au Bois dormant, Dr Folamour ou Top Gun ne sont jamais bien loin. Dans ce Matrix sous acide, Ari Folman esquisse l’idée que ce monde n’a rien de futuriste. Parce qu’il revient à une animation classique, inspirée de celle du début du XXe siècle et des studios Fleischer, les créateurs de Betty Boop. Comme si tout n’était qu’un éternel recommencement. La critique sur l’industrie du cinéma est acerbe. La démonstration manque peut-être un peu de corps, mais du délire, restent de beaux moments déjantés, des instants d’émotion bien sentis, et un trouble réel.
Par Marion Haudebourg