Colonia

Ce thriller angoissant nous introduit ici, sur fond de coup d’état du général Pinochet de 1973, à un jeune couple d’occidentaux (Emma Watson, Daniel Brühl) contraint de vivre au sein d’une mystérieuse secte nommée la “Colonie”. Ancien nazi, Paul Schaeffer (Michael Nyqvist) fonde avec l’appui du régime de Pinochet une communauté agricole et sectaire. Nostalgique du troisième Reich, ce chef de secte dirige de façon perverse ce lieu d’insécurité et d’injustice où hommes et femmes vivent séparés pendant que leurs enfants subissent les agressions sexuelles de leur leader. Oui, une histoire tout à fait abjecte, fascinante et capillotractée mais néanmoins totalement vraie.

Glaciale et oppressante, l’ambiance dans laquelle nous immerge le réalisateur suscite notre curiosité dans un premier temps, muni d’un background passionnant ainsi qu’un virement radicale d’atmosphère dès lors que l’on retrouve notre couple au sein de la colonie. Mais Florian Gallenberger s’inspire maladroitement du « Missing » de 1982 de Costa Gavras  pour nous concocter une version à peine plus élaborée que « Taken ». Colonia semble tellement déconnectée de la réalité qu’on en oublierait qu’elle est d’une abominable vérité. Un sujet peut être un poil touchy pour l’adapter ainsi. De plus, la direction approximative des acteurs, pourtant tous de talents, procure des prestations à la limite du pastiche, particulièrement pour celle du terrible leader Paul Schaeffer. Un rôle à peine effleuré, surtout lorsque que l’on sait que ce vil personnage avait créé cette colonie comme refuge avant de la transformer pour Pinochet en prison et lieu de torture.

Malgré tout cela, le film ne parvient pas à approfondir  une vision claire et originale. Alors que le sujet tend à une riche exposition de ces évènements tragiques, le réalisateur se perd dans l’élaboration d’un thriller de série B comme ligne directrice. Ce raccourci scénariste disposé à nous plonger au sein de cette secte, où les droits de l’homme sont totalement abolis, pose problème pour nous y intéresser intégralement. En fin de parcours, cette troublante romance a tendance malheureusement à prendre le pas sur la dimension historique et controversée de ce lieu.

Par Arnaud Pierquet