Caricaturistes, fantassins de la démocratie
Projeté hors compétition au prochain Festival de Cannes, le documentaire Caricaturistes, fantassins de la Démocratie de Stéphanie Valloatto, produit par Radu Mihaileanu, suit douze dessinateurs de presse en activité dans leurs pays (France, États-Unis, Chine, Russie, Algérie, Tunisie, Israël, Palestine, Côte d’Ivoire, Burkina Faso et Venezuela). L’allure sage du montage alterné s’organise cahin-caha autour de la figure tutélaire de Plantu, fleuron du Monde depuis 40 ans, crayons en bandoulière et tête de proue de l’association « Cartooning for Peace ». Cette dernière n’a de cesse de défendre la liberté d’expression, suite à l’affaire des caricatures de Mahomet en 2005 et l’embrasement du monde arabe. Si la réalisatrice Stéphanie Valloatto n’a pas pour ligne de conduite de mettre en valeur le talent graphique des caricaturistes, elle énumère soigneusement les dangers, les pressions, les angoisses qu’ils subissent, leurs difficultés à endosser le rôle de poil à gratter d’hommes de pouvoir globalement irascibles et graduellement soupe au lait selon les régions. Avoir le courage de ses opinions et surtout d’en rire, se traduit par des séjours réguliers dans les prisons chinoises ou russes, à moins d’être battu à mort comme le dessinateur syrien Ali Ferzat dont on a symboliquement écrasé les mains, ou pis, d’être assassiné. Par contraste, les attaques envers Plantu, son grimage de Martine Aubry en éléphant ou son usage des nez crochus, permettent de mieux appréhender la cartographie mondiale de la tolérance, enjeu majeur d’un monde adulte et libre.