Dans la brume
Après des études scientifiques et de nombreux courts et longs métrages documentaires, Sergei Loznitsa est passé à la fiction avec My Joy, présenté à Cannes en 2010. Dans la brume lui permet de poursuivre un parcours d’une grande cohérence thématique et stylistique. Dans ces deux films, le cinéaste cherche différentes façons de bousculer la narration classique. Là où le scénario de My Joy fonctionnait comme un enchaînement de situations a priori sans relation les unes avec les autres, celui de Dans la brume, situé en 1942 dans une Russie en guerre, passe régulièrement du passé au présent sans que la mise en scène ne le signifie explicitement. Loznitsa aime perdre son spectateur dans son récit pour mieux l’accrocher par son esthétique. Avec l’aide du précieux Oleg Mutu, opérateur et cadreur surdoué de la nouvelle vague roumaine (les films de Cristian Mungiu, Cristi Puiu, et d’autres), le cinéaste compose en cinémascope de longs plans fascinants, dans lesquels ses personnages, perdus dans des dilemmes moraux, se débattent sans espoir de rémission. Jusqu’au final glaçant, conclusion logique de cette descente aux enfers.