Blackout total
La comédie régressive américaine n’en finit pas d’avoir le vent en poupe, des frères Farrelly à Todd Phillips, en passant par Judd Apatow. Mais Ben Stiller, Bradley Cooper et Steve Carell ont du souci à se faire car depuis quelque temps, les femmes s’y mettent. Elles enterrent leur vie de jeune fille, ou noient leur chagrin dans l’alcool, et se réveillent enceintes et/ou avec la gueule de bois. Ici, comme le titre français l’indique, cas numéro deux : larguée par son mec, Meghan (Elizabeth Banks, physique de rêve et abattage certain), sage présentatrice télé, vient de voir le job de ses rêves lui passer sous le nez. Ses copines l’entraînent faire la fête et elle rencontre un jeune homme, chez lequel elle termine la soirée et la nuit. Le lendemain à l’aube, apprenant que rien n’est perdu côté boulot, elle sort de chez lui pour voir sa voiture embarquée par la fourrière. Comme le – très bon – titre original (Walk of Shame) l’annonce, elle commence une longue marche dans Los Angeles, émaillée d’incidents embarrassants répertoriés par la police et les infos : elle devient la femme en jaune, prostituée selon les uns, droguée selon les autres, et aussi voleuse, fugitive, resquilleuse… Le réalisateur Steven Brill (Little Nicky, Les Aventures de Mister Deeds) ne nous a jamais fracassés avec ses farces poussives, mais ici, le fil rouge de la robe jaune fournit une ossature malicieuse, et parmi un fatras de passages obligés, pointent quelques idées originales et drôles sur les préjugés et autres apparences trompeuses.