La Belle Endormie
Marco Bellocchio s’est une fois de plus attaqué à un sujet polémique en évoquant la question de l’euthanasie dans l’Italie contemporaine. Comme à son habitude, le réalisateur de Buongiorno Notte évite brillamment de sombrer dans le piège du film-débat, en construisant son discours complexe autour de la mise en scène. Dans un superbe cinémascope, qui n’est pourtant pas son format de prédilection, Bellocchio dessine un beau film choral, porté par les passions et la psyché d’une dizaine de personnages : une militante pro-vie, son père, homme politique, une jeune femme suicidaire… Loin de se réduire à de simples figures, ce sont eux qui font avancer un récit qui ne se veut jamais didactique. A travers un montage alterné très subtil, le cinéaste décrit une Italie multiple, où la religion semble encore avoir une emprise forte sur la politique. Mais au-delà de la pure mise en scène, ce sont finalement les personnages qui nous ramènent le plus à l’univers du cinéaste : des Poings dans les poches à cette Belle endormie, le réalisateur continue de peindre brillamment des êtres révoltés, mus par d’irrépressibles passions.