Belladonna

The Devil in Miss Jeanne

Sous-titré La Belladone de la tristesse, ce film d’animation culte connaît sa vraie première sortie en France, même s’il brigua l’Ours d’or à Berlin en 1973. C’est alors le temps des libérations, contestations, l’âge d’or du cinéma érotique (Emmanuelle de Just Jaeckin) et porno chic (Gorge profonde et The Devil in Miss Jones de Gerard Damiano, Derrière la porte verte d’Artie & Jim Mitchell), et des scandales Le Dernier Tango à Paris de Bertolucci, La Grande Bouffe de Ferreri, La Maman et la Putain d’Eustache, Les Valseuses de Blier. Le manga nippon participe à ce mouvement avec ce troisième volet féminin signé Eiichi Yamamoto, après ses portraits de figures antiques : Shéhérazade (Les Mille et Une Nuits, 1969) et Cléopâtre (1970), dans la collection pionnière de films érotiques d’animation « Animerama ». Il adapte l’œuvre française, anticléricale et féministe La Sorcière de Michelet (1862) et transcende les traditions graphiques avec son directeur artistique Kuni Fukai. Ce trip psychédélique, subversif, fascinant, doit autant au pop art qu’à l’opéra rock, à Klimt qu’à Aubrey Beardsley, et mêle audacieusement images fixes, animées, aquarelle, gouache, collage et peinture sur rouleau. La femme du peuple, soumise, abusée, violée, pactise avec le diable, gagne de super pouvoirs et se love dans la vallée de la toxique belladone, où elle se venge de l’homme et domine le monde par son désir, son corps, son sexe, sa chevelure flamboyante, annonçant les sylvidres d’Albator, et les héroïnes déterminées de Takahata et Miyazaki.