Attila Marcel
On avait laissé Sylvain Chomet dans l’ombre de Jacques Tati avec L’Illusionniste, le voici de retour chez lui avec Attila Marcel. S’il est passé de l’animation aux images en prises de vues réelles, ce réalisateur n’a pas traversé le miroir. Son troisième film est rapidement identifiable, que ce soit par une patte formelle ou des récurrences; des noeuds gordiens des relations parents/enfants à un lien ombilical à la musique. Et pourtant en lui donnant, physiquement, de la chair, Chomet élargit son univers. Au centre, le traumatisme infantile d’un pianiste muet (Guillaume Gouix, délicatement keatonien), autour une noria de personnages qui l’alimentent malgré eux, notamment une voisine (formidable Anne Le Ny), guérisseuse hippie anar, qui va tenter de l’en débarrasser à coup de tisanes hallucinogènes. Attila Marcel a des airs de consultation psychanalytique bio, de médecine douce pour soigner les gros bobos. Chomet soigne son cinéma de la même manière, par l’expérimentation, l’artisanat. Ici, il colle des patchs de comédie musicale, là il pose une attelle burlesque. Tout ça est parfois de guingois, s’éparpille entre les personnages, mais c’est en toute logique, puisque s’y raconte le parcours d’un orphelin triste qui apprend à trouver son pas. Chomet l’accompagne dans cette convalescence par un regard doux, enveloppant, qui fait beaucoup pour le très attachant charme d’un film acidulé comme l’enfance.
Par Alex Masson