All about Albert
Eva, mère divorcée d’une grande ado s’apprêtant à quitter le nid, est masseuse à domicile. Elle démarre une liaison avec Albert, un homme corpulent et débordant d’attentions. Dans le même temps, sa nouvelle cliente, Marianne, poétesse branchée, passe leurs séances à énumérer les innombrables défauts de son ex-mari… qui s’avère être Albert. Gardant le secret sur sa relation avec Marianne, Eva commence à le regarder sous un jour négatif. Nicole Holofcener (Walking and Talking, Friends with Money) ne nous avait, jusque là, pas fracassés avec ses études de mœurs de riches Américains de la côte ouest. Ici, elle fait mouche. L’écriture de cette comédie romantique atypique autour de quadragénaires abandonniques fourmille de délicatesse, de drôlerie et de justesse. Traitant à la fois de la peur d’être déçu (qui rend pusillanime) et du souci des apparences (qui rend con), émaillé de dialogues brillants que le timing des comédiens emporte vers des sommets, All about Albert est aussi un film sur le corps. Vieillissant ou refusant de l’admettre, caché ou dévoilé, inutile ou encombrant, le corps est cette enveloppe qui cache vilenies et trésors. Corps du regretté James Gandolfini, accueillant et douillet comme un nounours, posé près de la carcasse tout en nerfs de Julia Louis-Dreyfus. Ces deux acteurs plus habitués des séries télé, trouvent l’un et l’autre place sur grand écran pour leurs premiers grands rôles. C’est aussi le dernier du génial Tony Soprano, et le voir si vivant, si drôle et si adorable est un bonheur et un crève-cœur.