Un jour sans fin, film médicament
Et si on écoutait enfin en entier la chanson de Sony and Cher : Got you, Babe ?
Peut-être pas, finalement…
À se réveiller tous les matins dans une vie confinée, il n’en fallait pas plus pour que chacun évoque Un jour sans fin (Groundhog Day) de Harold Ramis avec le génialissime Bill Murray. Se retrouver bloqué dans un repli du temps, une journée toujours semblable, avec les mêmes sons, les mêmes tronches, les mêmes impossibilités, ça rappelle forcément quelque chose… Car oui, Phil, présentateur météo odieux, cynique et autocentré est bloqué à Punxsutawney (Pennsylvanie), ce qui en soi est déjà un cauchemar pour lui, qui méprise ce « trou perdu », sa « tradition idiote » du jour de la marmotte, et les « bouseux » qui s’y précipitent, mais il est bloqué également le même jour, le 2 février !
Bloqués, nous le sommes d’une certaine façon, confinés depuis quatre semaines. Mais nous savons aussi que certains ne se réveillent pas du tout. Et que tous ceux qui ne sont pas confinés font face. Notre sort est donc plus enviable ; les jours passent, et même si les prévisions ne sont pas plus exactes pour nous que pour Phil (nos chances de sorties au 15 avril viennent d’être réduites à néant par un communiqué du gouvernement), nous sommes plusieurs milliards à vivre cette expérience unique et troublante. Qu’en faisons-nous ?
Prendre de bonnes résolutions et ne pas les tenir est la réponse qui semble la plus partagée du moment…
Alors plongeons dans le plaisir toujours renouvelé devant cette fable morale malicieuse et drôle. Qui nous dit qu’il faut des jours, des mois, des années, pour apprendre et avancer, et que donc le temps n’est que ce qu’on en fait. Le temps, on peut le perdre, le gagner, l’exploiter, le passer… Et pourquoi pas le vivre… Apprendre le piano, la sculpture, le français. Apprendre à aimer les autres, s’intéresser à leurs petits riens, à leurs chagrins, leurs bobos et aussi les trésors qu’ils apportent à qui veut bien s’attarder pour les découvrir…
Tout cela, Un jour sans fin le dit sans moralisme ni pesanteur, avec un joli sens du montage, et un humour ravageur, qui va des mimiques inénarrables de Bill Murray à des dialogues impeccables.
- « C’est une journée parfaite, dit Rita, la délicieuse productrice que Phil tente de séduire, d’abord par désœuvrement avant d’en tomber amoureux. On ne peut pas fabriquer une telle journée. »
- « On peut, répond — surtout pour lui-même — Phil, mais c’est un boulot d’enfer… ».
À voir ou revoir sur Universciné, FilmoTV, La Cinetek, Orange.