Le mot de la semaine

On ira d’Enya Baroux

Il est des mots qui, au creux d’un dialogue, percutent vos oreilles. La scène se déroule dans l’habitacle d’une voiture. Une famille s’en va en Suisse, embarquée dans un méli-mélo de mensonges et de projets funèbres tressés. Au cœur de cette ambiance tragi-comique, une invention langagière sort de la bouche d’un acteur, qui, décidément, confirme qu’il est doté d’un talent majuscule. Pierre Lottin, parlant de son animal de compagnie, le qualifie d’« ange-rat » pour exprimer l’affection qu’il lui porte et offrir à cette bête mal aimée des hommes une forme de noblesse. C’est très exactement ce que ce comédien sait faire de manière magistrale : hisser ses personnages de gars flirtant avec la marge, aux talents inexploités (En Fanfare) ou au bon cœur dans le cas d’On ira, au rang des « menschs » qui s’ignorent et que nous, on adore.

Dans ce premier long-métrage imparfait, mais généreux d’Enya Baroux, nous avons été sensibles à l’amour que la jeune réalisatrice porte à l’ensemble de ses personnages, à la générosité dont tous font preuve, à la grande drôlerie des dialogues et à la bande originale signée Dom La Nena. Un « ange-rat »… cela nous restera.

 

Anne-Claire Cieutat