

Il est des mots qui, au creux d’un dialogue, percutent vos oreilles. La scène se déroule dans l’habitacle d’une voiture. Une famille s’en va en Suisse, embarquée dans un méli-mélo de mensonges et de projets funèbres tressés. Au cœur de cette ambiance tragi-comique, une invention langagière sort de la bouche d’un acteur, qui, décidément, confirme qu’il est doté d’un talent majuscule. Pierre Lottin, parlant de son animal de compagnie, le qualifie d’« ange-rat » pour exprimer l’affection qu’il lui porte et offrir à cette bête mal aimée des hommes une forme de noblesse. C’est très exactement ce que ce comédien sait faire de manière magistrale : hisser ses personnages de gars flirtant avec la marge, aux talents inexploités (En Fanfare) ou au bon cœur dans le cas d’On ira, au rang des « menschs » qui s’ignorent et que nous, on adore.
Dans ce premier long-métrage imparfait, mais généreux d’Enya Baroux, nous avons été sensibles à l’amour que la jeune réalisatrice porte à l’ensemble de ses personnages, à la générosité dont tous font preuve, à la grande drôlerie des dialogues et à la bande originale signée Dom La Nena. Un « ange-rat »… cela nous restera.
Anne-Claire Cieutat