Soit James Corden, boute-en-train tout-terrain des écrans, planches et plateaux de télé anglais et américains. Formé à la comédie musicale, le quadra britannique, acteur-chanteur-scénariste-producteur, anime depuis 2015 The Late Late Show, programme nocturne de late-night show de la chaîne américaine CBS, anciennement mené par Craig Ferguson. Pour vous situer le garçon, il a notamment promené sa silhouette gironde chez Mike Leigh (All or Nothing), puis en Planchet, valet de d’Artagnan, dans Les Trois Mousquetaires de Paul W.S. Anderson, en boulanger dans Into the Woods de Rob Marshall, et au milieu des bandes d’Ocean’s 8 de Gary Ross et Cats de Tom Hooper. Sans compter les séries cathodiques dont il est également l’auteur – Gavin & Stacey et The Wrong Mans -, et la brochette de créatures animées auxquelles il prête sa voix, des Trolls à Pierre Lapin.
En plus des interviews qu’il mène lors de son émission, il s’amuse à y créer des tableaux, sketches et rubriques, qui célèbrent ses illustres invités, et exploitent la fibre du feel good par le jeu, le chant, la danse et l’humour, dans la tradition anglo-saxonne de l’entertainment. Il conduit par exemple, dans la séquence Carpool Karaoke, des stars de la musique qui, sur le siège passager, reprennent en duo avec lui des standards de leur répertoire, avec parfois des invités-surprise sur la banquette arrière. Il a aussi épaté en revisitant la filmographie d’icônes du grand écran, en leur compagnie et en plans-séquences fixes, dans un enchaînement de scènes de films, où les stars rejouent leurs personnages face à l‘impayable trublion.
Soit Julia Roberts, mégastar planétaire depuis trente ans. Régulièrement présente dans les facéties télévisuelles de Corden, elle s’est prêtée, avec dérision et un plaisir communicatif, à l’exercice marathonien de replonger dans sa carrière en version suédée d’un peu moins de dix minutes, en pleine promotion de la sortie de Wonder de Stephen Chbosky. Vingt-six titres de son parcours composent ainsi le morceau de bravoure qui suit, où l’ingéniosité narrative de l’articulation des passages choisis rivalise avec l’inventivité technique, le brio logistique, et la saveur de la réinterprétation. Un pur régal, truffé de trouvailles simples et efficaces, dont le doublé Valentine’s Day / Mother’s Day ou Mary Reilly, pour un moment global vraiment tordant. L’actrice est la seule femme en tête d’affiche de ce numéro d’auto-haute voltige, en tandem 50/50 avec Corden. À prolonger ensuite par les versions avec Tom Cruise, Samuel L. Jackson, Matt Damon, Tom Hanks et… Arnold Schwarzenegger !