En ce 14 juillet, le Festival de Cannes continue de lancer ses feux d’artifice. Cinéma d’auteur, grosse machine, film de genre. Quadrature du cercle, recette éprouvée. Touillez bien, il en restera forcément quelque chose…
14 juillet ou pas, festival ou non, c’est mercredi, c’est ciné !!! Et donc, dans la vraie vie, que voit-on sur nos écrans nationaux ? Désigné coupable de Kevin Mcdonald avec un des membres du jury (Tahar Rahim) et l’actrice qui a reçu des mains de Pedro Almodovar, une Palme d’honneur et, des spectateurs du Grand Théâtre Lumière, une standing ovation (Jodie Foster). C’est dire si Cannes est partout, comme tout est dans tout, et réciproquement. Il y a aussi deux films présentés sur la Croisette cette année, signés de deux jeunes réalisatrices ultra douées et en compétition, Mia Hansen-Løve et son Bergman Island, et Julia Ducournau, qui présentait mardi soir Titane. Ce deuxième long-métrage après Grave, qui fut, comme son court, Junior, découvert à la Semaine de la Critique, était annoncé comme la claque du festival.
Il y a de ça. Dans un grand maelström de sujets, dont tous ne sont pas traités (scénario gigogne qui se perd en route), elle embrasse le film d’horreur et le film d’amour, la monstruosité et le lien, et surtout, dans les scènes les plus réussies, elle brouille les pistes et mixe les codes du masculin et du féminin, elle floute les frontières, propose d’autres voies, malades et inconfortables, certes, mais qui questionnent parce qu’elles dérangent. Titane va diviser, c’est sûr. Il est d’ailleurs un peu (beaucoup) fait pour ça. Et puis il y a les films moins glamour dont on parle moins, grands petits films, qui, à bas bruit, font leur chemin dans d’autres endroits, avec moins de tapis rouges et de photos (nous y reviendrons) : Rien à foutre et Petite Nature à la Semaine de la Critique, La Légende du roi Crabe à la Quinzaine, Les Poings desserrés et Mes frères et moi à Un Certain Regard, Les Héroïques en séance spéciale hors compétition…
Et face à Titane, il y a le même jour, en compétition, Un héros d’Asghar Farhadi, où l’on retrouve tel qu’en lui-même le réalisateur d’Une séparation, qui explore jusqu’au vertige les aberrations de la société iranienne, les mensonges qui disent la vérité, les héroïsmes qui n’en sont pas, la puissance nuisible du regard sur l’autre encore rehaussée par les réseaux sociaux. C’est un beau grand film calme sur le courage, dominé par son personnage principal. Il est incarné par l’acteur Amir Jadidi, en homme humble et ballotté, qui garde pourtant longtemps son sourire d’enfant. Prix d’interprétation masculine ? Alleeeeez ! Et pendant ce temps, le jury travaille, les supputations vont bon train sur ce qui pourrait ou non plaire à Spike Lee et ses coreligionnaires (à ce petit jeu, on se trompe toujours), Spike Lee qui, du rose du premier soir, est passé au smoking blanc, puis noir. Allez donc savoir ce qu’il nous réserve encore ?