Z’auriez pas du feu ? La flamme Olympique passa brièvement sur les marches, tenue successivement par huit athlètes, dont Arnaud Assoumani, Iliana Rupert, Marie-José Pérec, avant de continuer son chemin dans toute la France à cent jours du début des compétitions. Façon briquet géant, entre cône argenté et quilles de bowling, le symbole avait une petite allure étrange. C’est quoi le rapport ? Tapis, photo, couverture mondiale. Événement, madame, événement. Tout fait ventre, vous dis-je !
On cherche la flamme dans les films sans la trouver vraiment. Côté compétition, ça s’arrange un peu avec Marcello mio de Christophe Honoré, qui sort en salle ce mercredi (lire ici notre critique) avec Chiara Mastroianni dans la peau – ou au moins le costume – de son illustre père, donnant la réplique à sa non moins illustre mère. Idée merveilleuse, et qui dit en creux le poids de certains héritages, mais qui s’égare un peu en route avant de se reprendre pour un final magique. Ça fait pétard mouillé dans Parthenope de Paolo Sorrentino, portrait d’une petite fille née en mode princesse à Capri en1950, qui traverse les années en subjuguant de sa beauté tous les hommes sur son passage, mais sans trouver l’amour. La mer est belle, si bleue, si accueillante ; la jeune comédienne Céleste Dalla Porta est plus que belle, à la fois tangible et irréelle. Mais, pris entre ses symboles de la société napolitaine et la légende qui veut que Parthenope soit une des sirènes qui tenta de dérouter vers les rochers Ulysse et ses marins, Sorrentino livre surtout une très belle coquille vide.
La flamme, finalement, est dans Anora de Sean Baker et surtout son interprète Mickey Madison (Scream version 2022), qui confère à son personnage une hallucinante énergie, une force de titan. Travailleuse du sexe dans une boîte de nuit, Anora, joyeuse, pleine d’entrain, fait son job sans états d’âme. Quand un jeune Russe plein aux as vient la débaucher, pour une nuit, puis pour une semaine, elle fait de même. Et puis, il l’emmène à Las Vegas, où il l’épouse. Et elle a beau avoir les pieds sur terre, même perchés sur des talons, elle commence à se dire que c’est pour de vrai. C’est là qu’évidemment ça se complique, les parents du jeune homme envoyant des sbires plus ou moins doués pour mettre fin à cette plaisanterie. Clairement trop long dès son installation du contexte, le film a une vraie pêche et ne se prive pas de moments de comédie.
Ayant ainsi libéré ses zygomatiques et ses chakras, le festivalier emballé est reparti de plus belle : et vas-y que je te donne la Palme à Audiard, le Grand prix du jury et le prix d’interprétation féminine à Mickey Madison, et, tant qu’on y est, quelque chose pour Coppola, parce que c’est Coppola. Ah bon ? Et Diamant brut ? Et le film roumain ? Et Bird de Andrea Arnold ? Perso, j’ai beaucoup de mal à tomber d’accord avec moi-même. Et le jury peut très bien mal s’accorder. Ça s’est vu… Et il reste six films en compétition. Touchons-là et envisageons, avant de gloser à nouveau, une sorte de grève des supputations. Une aposiopèse. Et toc.