Un air dans la tête #6
Que fredonne-t-on sur la Croisette en ce 77e Festival de Cannes ?
Dans le film de Miguel Gomes aux allures de carnet de voyage, la musique accompagne les personnages au fur et à mesure des différents pays d’Asie du Sud-Est qu’ils traversent. C’est au rythme de chants traditionnels et de divers groupes locaux qu’Edward fuit Molly avec qui il doit se marier. Dans une séquence à Manille aux Philippines, on surprend un habitant en train de chanter My Way de Frank Sinatra dans un karaoké de la ville. Dans son élégant noir et blanc tourné en 16 mm, le film assume pleinement ses anachronismes puisque l’histoire est censée se dérouler en 1918. C’est aussi l’occasion de se remémorer d’autres images vues au festival. Quelques jours plus tôt, le documentaire de Thierry Teston, My Way, présenté au Cinéma de la Plage, retraçait l’itinéraire incroyable de ce morceau. Parmi les différentes anecdotes, on a appris qu’une série de meurtres avait été commis aux Philippines, punissant les mauvais interprètes de la chanson. Une dizaine au total. Dans la scène de Grand Tour, une légère tension survient dès lors, par la collision des récits festivaliers. Il n’arrive heureusement rien à ce pauvre chanteur, mais son interprétation, avec des larmes pleins les yeux, est un cri du cœur. La veille, My Way s’écoutait aussi dans Parthenope, le dernier film de Paolo Sorrentino. Un air décidément dans toutes les têtes.