Premier film réalisé, interprété et (auto)produit par Anaïs Volpé, Heis (chroniques) est une fiction personnelle, une histoire de génération et de famille, aux frontières du cinéma expérimental.
Heis. C’est allemand ? Scandinave ? Grec ? Ça veut dire quelque chose, mais c’est compliqué à traduire. Le premier film d’Anaïs Volpé est aussi étrange que son titre. À la fois simple et complexe. Si le terme Heis se rapproche de celui d’« unité » en français, comme on finira par l’apprendre, le film est surtout l’histoire d’un triptyque, d’une trinité. Il y a Pia, 25 ans, que la contrainte économique pousse à retourner vivre dans le domicile familial. Il y a son frère jumeau, Sam, qui, lui, ne l’a jamais quitté. Et il y a leur mère, qui cache un traumatisme inavoué. Au milieu de tout ça, Pia vit sa vie d’artiste fauchée. Des préparations de concours, un documentaire sur sa mère, de vieilles histoires qui traînent. Des amitiés envolées, déchirées, dont on n’arrive pas à se défaire, traces d’un passé pas lointain, mais déjà si vieux. Quelque part entre autofiction et pur objet esthétique, Heis (chroniques) ressemble parfois à un essai d’art vidéo d’étudiants d’une école d’Arts Déco, tant l’expérimentation formelle est omniprésente. À d’autres endroits, Heis (chroniques) sonne comme un rap engagé, un cri du cœur résolument moderne d’une génération qui, transformant un rêve inaccessible d’indépendance et de liberté, fait de sa vie un bricolage. La galère comme mode de vie, assumé et revendiqué, faute de mieux. Dans sa forme comme dans son fond, Heis (chroniques) va dans tous les sens, se pose mille questions, commence des choses, les arrête. Si l’on peut trouver que film d’Anaïs Volpé manque de sobriété ou de nuances, il est néanmoins à l’image de cette génération de jeunes urbains qui, pour rien au monde, malgré les problèmes et les difficultés, ne sacrifieraient leurs libertés et leurs ambitions, fussent-elles difficilement identifiables.